Où étais-tu?

« Où étais-tu ? est un partage de cette écriture de l’intime, du minuscule face au grand Majuscule. Au cœur du surmédiatisé et du surconnecté, un désir de revenir à l’intime pour redonner du sens et du pouvoir à soi-même, sa propre vie, la trace que l’on laisse (ou non) dans le monde. Je crois à la force de la poésie, de la légèreté, de la fantaisie et de l’humour comme véhicules/ chantiers de construction, de transformation et de réenchantement massif du monde.»

Où étais-tu ? Un road-movie amoureux, poétique, humoristique, et déjanté sur BO des années 80 (Stones, Janis Joplin, Patty Smith…)

La note d’intention de l’autrice

J’ai rencontré le père de mes enfants en 2003. J’avais 37 ans. Un an après j’étais enceinte. Notre premier fils est né en 2005. Le deuxième il y a 17 mois.

Déjà dix années de vie commune. Deux fils. Ce qui peut sembler normal, banal pour certains, relève du miracle pour la fille-sans-racines, la fille-papillon que j’étais alors.

Avant lui, je n’étais jamais restée plus de deux ans avec un homme, homme qui vivait bien souvent à l’étranger…

Que s’est-il passé ? Pourquoi lui ?

Ce n’est pas de cela dont je parlerai. C’est d’avant. De 17 à 37 ans.
De toutes ces années de quête.
De tous ces hommes rencontrés, visités, plus ou moins connus.
De tous ces pays traversés, parcourus.

De toutes ces terres, de toutes ces peaux arpentées.
De tous ces espoirs avortés.Rêves, désirs, fantasmes, promesses, serments, rires, ruptures et larmes.
Chaque départ. Chaque retour. Fin de partie. Game over. Do you want to play again ?
Engrossée d’histoires, lavée, ballottée par les flots, mue par l’espérance d’un renouveau.

Prête à échanger mille « il était une fois » contre un « cette fois-ci »
Quelle flamme me consumait de l’intérieur, quel feu me poussait toujours plus loin ?
Qui étaient-ils ?
Qui étais-je ?
Où étais-je ?

Prince (ipe) charmant de plaisir heurtant de plein fouet Prince (ipe) charmant de réalité.
La mère de famille d’aujourd’hui n’a jamais tout à fait oublié la fille d’hier.

Fille d’ailleurs

Forte de toutes ces peaux arpentées caressées, de toutes ces terres parcourues de tous ces espoirs, de toutes ces poussières d’histoires éparpillées, évadillées aux quatre vents…
Mais ne le sommes nous pas toutes ?
J’ai longtemps eu honte de ce passé morcelé écartelé
Honte de ne pas trouver tout de suite.
D’être une fleur sans racine


Une donneuse une semeuse universelle
Honte des années qui s’accumulaient s’entassaient
Honte au point de le renier
D’oublier les éclats de bonheur
Qui continuent à luire du tréfonds du souvenir
A réchauffer les jours gris
A nourrir, éclairer ma route aujourd’hui

Evidemment depuis Facebook, la donne a changé. Un clic et l’on retrouve facilement d’anciens amants. Passée la première fièvre des retrouvailles, que reste-t-il ? Ce que l’on voudrait partager à nouveau est souvent impalpable, indicible… Comment retrouver, dans ce père de trois enfants vivant à l’autre bout du monde ce qui, à ce moment là, nous faisait vibrer, devenait notre raison d’être ? Un grain de peau, une lueur, une malice dans le regard, un geste, une démarche, une voix, un rire…


« J’ai tellement aimé caresser ta peau. Me noyer dans ton regard. »
Peut-on écrire cela sur le net 20 ans plus tard ?

Notre mémoire s’est baladée, a glané des images, en a gardé certaines, banni d’autres et retricoté l’histoire…

Peut-être même en a-t-elle inventé certaines ? Comment savoir ?

Note d’Isabelle Labrousse, metteuse en scène

« Lorsque j’ai vu, il y a un an, une première version de Où étais-tu ? j’ai été très touchée par le texte et la proposition artistique tout en finesse. Cependant j’ai parlé à Natalie de l’envie que j’avais eu de voir un homme à ses côtés sur le plateau pour évoquer cette quête amoureuse et existentielle. Plus tard, quand l’opportunité de jouer au Lucernaire s’est présentée, Natalie m’a proposé de créer une nouvelle mise en scène… J’ai tout de suite accepté avec enthousiasme. Sur le plateau donc, une femme et un homme, ses hommes, amis, amants, ex, frères, compagnons de ce voyage qui l’aident à s’éveiller à sa véritable nature.»

Notre fil rouge sera le voyage, la quête, la rencontre…


Où étais-tu ? est le voyage poétique, fort et émouvant d’une femme en quête de son identité à travers le regard de l’autre, une quête de l’amour, une quête de soi dans l’amour de l’autre, une quête de l’amour de soi dans l’amour de l’autre. Ce voyage s’accomplit à deux, un homme et une femme. Ecrit comme une partition musicale à plusieurs voix, un chant choral riche d’autant d’intonations que la vie recèle d’émotions. Une danse aussi, un pas en avant deux pas en arrière, presque un rituel parfois autour de la question qui revient sans cesse, tel un leitmotiv :

Où étais-tu ?

Dans ce huis-clos, la femme se parle à elle-même, interroge son passé, refait le chemin maintes et maintes fois, cherche le fil de l’histoire, s’entête à comprendre et peu à peu avance, trébuchante ou étoile filante, rien ne l’arrêtera. L’Homme est là, témoin, il aide parfois, soutient, affronte, provoque. Il l’accompagne pas à pas, se fait tour à tour écho de sa voix, complice, amant, ex, compagnon, fantasme, souvenir, conscience…
Une scénographie très dépouillée, un espace vide, des cubes objets-matières transparents et transformables. Un jeu de petites lumières amovibles, étoiles/ piste d’atterrissage… et le ciel à l’infini.

L’univers sonore sera constitué d’un mix entre une bande-son des années 80 (Stones, Patty Smith, Janis Joplin…) souvenirs musicaux qui ont peuplé ses voyages/rencontres et une création sonore de notre complice musicien Michel Thouseau (Ferme les Yeux et l’enfant bleu). La lumière et la musique comme partenaires qui soufflent tantôt le froid, tantôt le chaud.

Où étais-tu ? est un texte qui nous réconcilie avec nous-mêmes, avec l’autre. Finalement l’amour, «ce n’est pas si grave.»

Ici, il soigne plus qu’il ne rend malade. Une traversée rafraichissante qui nous incite à continuer le voyage. »

Distribution

Guillaume Ede et Natalie Rafal/ Mise en scène : Isabelle Labrousse/Costumes et scénographie : Liina Keevalik/ Création lumières : Frédérique Steiner-Sarrieux

Création soutenue par le Conseil Général du Var, Arcadi, Spedidam, le T2r à Charenton (94), le Cecn de la Colle de Nouvé (83), le théâtre du Lucernaire à Paris. En résidence à l’Espace des Arts.

Le texte du spectacle est l’un des trois finalistes du concours de l’InédiThéâtre 2012, en partenariat avec l’association Postures, Lansman Editeur et le Théâtre de l’Aquarium

Dans les médias

France culture

Natalie Rafal et Isabelle Labrousse sont les invitées de la partie culture dans le cadre de l’émission « « Un autre jour est possible «  de Tewfik Hakem.

AVIGNON FESTI.TV DU OFF

Retrouver la lecture de « Où étais-tu » ainsi qu’une interview de Nalalie Raval dans le cadre de Paroles d’auteurs en partenariat avec le Billet des Auteurs de Théatre (BAT) et l’Espace Alya.